Elle s’appelait Marie George. Je ne sais même pas quand elle née maintenant, je sais juste quand elle est morte. Je ne sais pas quoi faire de ce vide qu’elle me laisse, il est étrange, lointain mais direct, c’était ma voisine. Une voisine c’est beaucoup. Mon rez-de-chaussée n’avait de lumineux que de pouvoir se regarder vivre de loin. Nous avons un temps été deux femmes seules, ensemble. Moi, quittée elle, habituée.C’était presque une intimité. Je savais que MG ne se levait pas trop tôt, ça me rassurait de savoir que cette femme plus âgée faisait grasse matinée, ça me déviait de ma trajectoire d’angoisse, de l’urgence de vivre. Je la trouvais assez vivante comme ça ça m’allait super bien. Elle fumait 145 clopes par jour, lui faire remarquer c’était devenir son ennemie. Elle était medecin, elle savait, ça va. Elle disait « Papa, Maman » quand elle parlait de ses parents morts, parce qu’elle savait très bien l’ironie de cette sève originelle. Enfant à 70 ans. Pendant ces gardes au SMUR elle citait Ronsard aux gens qui avaient peur de mourir, sinon pour le plaisir quand elle revenait de sa lessive c’était Lagarce, et pourtant moi c’est d’elle que je tiens ma plus belle phrase : La vie c’est quand même la vie. Elle m’a dit ça une fois à la fin d’un café. Et quand j’y pense, rien ne m’apparaît comme plus grande vérité. Je n’ai pas pu venir lui dire « aurevoir » je suis à des milliers de kilomètres, que c’est une chose étrange d’écrire ces mots. Je ne dis pas aurevoir à Marie George, je dis : alors bien dormi ? Toi repose toi, moi je m’occupe de dormir.